HAVRENNE Marcel

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Biographie

Marcel Havrenne fait partie du groupe "rupture"

Rupture est le premier groupe surréaliste wallon, fondé le 29 mars 1934 à La Louvière (Belgique).

Le but déclaré du groupe est de “forger des consciences révolutionnaires, de participer à l'élaboration d'une morale prolétarienne et de collaborer le plus étroitement possible à l'évolution du mouvement surréaliste [1].” L'orientation politique du groupe prime sur ses préoccupations esthétiques et son manifeste, publié dans Mauvais temps (1935) ne laisse planer aucun doute à ce sujet. Sous deux citations de Karl Marx [2] et Lénine [3], le texte commence par ces mots: “En présentant le premier cahier du groupe Rupture nous estimons nécessaire de préciser la position que nous avons prise à l'égard des réalités sociales et politiques. Ces précisions, la vie elle-même nous a déjà mis en demeure de les formuler dans un rapport lorsque s'est posée pour nous la question de collaborer d'une manière effective à l'activité d'un groupe d'écrivains belges dénommé «Front littéraire gauche» (F.L.G.).” Après des considérations sur la politique belge du moment et la signification politique du mot gauche, il poursuit par “notre première proposition sera l'affirmation du principe: le F.L.G. est au service de la révolution prolétarienne” et plus loin par “notre seconde proposition sera: la qualité de membre du F.L.G. est incompatible avec l'adhésion à un principe confessionnel.” ... “Est-il nécessaire d'ajouter que si poèmes et proses voisinent dans ce cahier, c'est en dehors de toute préoccupation littéraire. Nos inquiétudes, nos espérances devaient tout naturellement nous conduire à porter le plus vif intérêt à la démarche surréaliste. [...] A la lumière du matérialisme dialectique, le message d'André Breton nous autorisant à croire «qu'il existe un certain point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l'incommunicable, le haut et le bas cessent d'être perçus contradictoirement» a pris pour nous valeur d'une certitude."

Le texte est signé de Achille Chavée, Laurent Deraive[4], Jean Dieu, Fernand Dumont, Marcel Havrenne, René Lefèbvre, André Lorent, Albert Ludé, Constant Malva.

Bibliographie

  • La main heureuse, Bruxelles, Cobra 1950
  • Ripopées, Bruxelles, Phantomas, 1956
  • Du pain noir et des roses, Bruxelles, Georeges Houyoux, 1957

Textes

Volubile au fond des bois, le coucou ne cesse de m'appeler par son nom: il est bien l'oiseau le plus distrait, le plus brouillon qui soit.

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L... publia un livre qui le rendit célère à ce point qu'il dut ensuite en écrire beaucoup d'autres pour se faire oublier.

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"Les murs ont des oreilles", me dites-vous?  Hélas, je vous entends mal, mais il est vrai que je ne suis pas un mur.

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Bon comme le pain, mais pas trop de miettes.

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En tombant, elle s'ouvrait toujours à la même page.

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Commentaires

Où est la frontière entre l'aphorisme ennemi de la logique et le poème lapidaire, à la façon de René Char?  Marcel Havrenne, auteur d'un seul petit livre désopilant, Du pain noir et des roses, est le mieux placé pour répondre à cette énigme.  On peut le placer dans le voisinage des "proverbes" rédigés de concert par Benjamin Péret et Paul Eluard, entre le sabordage et Dada et la constitution du mouvement surréaliste.  Il est également proche des réflexions post-existentialistes d'E.M. Cioran.  A la vérité, il n'est pas d'esprit plus déditieux, dans sa brieveté.

Editions Traces, Bruxelles "La poésie francophone de Belgique (1903-1926)