L’ inauguration du buste d’ Albert Giraud
Sous un ciel parfaitement bleu, dans le calme jardin de Saint-Donat, où chantait un jet d’eau et où le souffle de la brise murmurait dans les feuillages, les autorités louvanistes, les représentants de notre gouvernement, et de nos grandes institutions littéraires, ont inauguré, à la mémoire d’ Albert Giraud, le buste charmant, spirituel, et qu’on pourrait dire voltairien, que le maître Victor Rousseau a sculpté du poète de la ” Guirlande des dieux “.
On remarquait, parmi les personnalités présentes, MM. Bovesse, ministre de l’instruction publique; Grojean, et Guslin, secrétaire de son cabinet ; Marlow, Gille et Ansel, délégués de l’ académie de langue et de littérature françaises; Toussaint, Van Boelaert et Van Zijpe, secrétaires perpétuels des académies flamande et française de Belgique; Doutrepont et Bayot, Délégués de l’ université de Louvain; Pasquier, représentants de la ville de Louvain, notons MM Doms, ff. de Bourgmestre; Les échevins Van Leeuw, Van Langendonck et Thieriar.
C’est monsieur Doms qui prit le premier la parole pour caractériser l’ esprit dans lequel Louvain avait voulu cette manifestation à la mémoire de nos fils.
En inaugurant dans notre ville flamande, le buste d’ Albert Giraud, poète d’expression française, nous avons voulu affirmer notre incessant désir de voir élargir le champ de notre culture et de nos admirations. Albert Giraud, naquit à Louvain le 23 juin 1860. Louvain, ville des fondeurs de cloches et des ciseleurs d’art, ville universitaire, ville de pensée, dans laquelle notre passé s’affirme avec tant de splendeur et de noblesse, ville de notre coeur, dit notre poète, où jadis nous chatâmes l’ivresse des vingt ans et de la liberté. Ecoutez sonner les cloches de nos carillons pendant que vous cheminez le long des rives de la Dyle; revenez vers le centre de la cité et admirez le travail d’ orfèvrerie des tours de notre hôtel de ville, du portail de nos églises et vous coprendrez l’art d ‘ albert Giraud, cet art d’une richesse luxuriante qu’ il l’ apparente aux plus grand poètes.
Aprés M. Doms, M. toussaint van Boelaere célébra en Giraud un poète qui, bien qu’infidèle à sa langue natale, est resté fidèle à sa race par l’amour bien flfamand qu’il témoigne à ses peintres et aux magies de la couleur.
Puis, un jeune élève de l’Athénée,M. Frans, salua la mémoire du poète et M. Valère gille appporta à Giraud, non seulement le salut de l’ Académie, mais le fidèle souvenir d’ une vielle amitié.
Ce beau discours , d’ une langue parfaite et d’une émotion profonde, évoque, comme il le fallait, une âme qui, après avoir voulu se réfugier loin du monde, dans sa tour d’ivoire, devait être ramenée au coeur m^me de la vie collective par les horreurs de la guerre.
C’est le thème que le ministre Bovesse devait développer ensuite, après que M. Pasquier eût apporté à la mémoire de Giraud l’ hommage de l’ association des ecrivains belges
[…] Le Soir, ¨[s.d.], par Richard Dupierreux