Poitrinaire
Une froide image par lui brisée. Son reflet placide s’observe poitrinaire ;
La main se porte à entrouvrir le vêtement et souligne la difficulté du geste
L’idée facile de s’y soustraire : radicaliser l’angoissante douleur
Les lignes de son visage se durcissent et côte par côte pour chaque craquement
Comme un trépassé s’excave tout seul, il s’explose le torse sans expression,
Expatrie au froid hivernal son mal, transperce sa chair pour saisir l’os
Et jette l’obstacle plus loin sur le parquet…
Ses organes savourant leur nouvelle liberté pousseront en extase trois respirations
Avant de lâcher ce corps perdu par l’acte dont le miroir fut l’unique témoin.
*
Embrasse-moi lorsque tu pleures
Tu ne pourras les ouvrir : aux larmes du cercueil, les yeux restent clos.
Tes doigts glacés, trouvant les miens, me ramènent à la nuit, au phare des illusions,
Je hisse le cri de la perte, tu tiens à flots l’esquif – tes cheveux mouillés, tu embrasses.
Ces sentiments que tu donnes, aveuglée des cristaux de sel ; naviguer sans avoir de destination,
S’en mordre à sang, tâtonner cette obscure façade du calvaire, tu en tombes à genoux.
Reprends ton souffle, marche, cours, éloigne-toi de ce que je deviens !
Éveil de cet appel effréné, d’un corps aux abysses au gré de l’abandon :
Aux larmes du cercueil, les yeux restent clos… Tu ne pourras les ouvrir.