CANTRAINE Roger

Biographie

Né à Tournai le 21 décembre 1921 et décédé en février 2007. Agrégé de l’enseignement secondaire inférieur, il a été régent en littérature. Il a d’abord enseigné avant de devenir le directeur du lycée d’Antoing, puis le Directeur Général du Fondes des Bâtiments scolaires de l’Etat. Il était résistant durant la seconde guerre mondiale et a reçu plusieurs titres civiques comme Major de la Résistance Armée, Adjudant des Services de Renseigements et d’Action, Résistance par la presse clandestine, ainsi que d’autres distinctions honorifiques.

Bibliographie

  • Première gerbe, Liège, Le Roseau Vert, 1942.
  • Poèmes pour un printemps en deuil, poèmes, Revue Sphinx, 1950.
  • Une raison de mourir. Bruxelles, La Renaissance du livre, 1964. Réédité en 1998, Prix Charles Plisnier 1999.
  • Huit poèmes, revue Marche Romane, 1965.
  • Essai de méthodologie de l’analyse littéraire. Bruxelles, Labor, 1969.
  • Pistes brouillées, récits et poèmes, Bruxelles, La Renaissance du livre, 1982.
  • Récits d’écrineux, Saint-Sauveur, Editions des Collines, 1983.
  • Pièges, nouvelles, Bruxelles, La Renaissance du livre, 1984. (Prix Gauchez-Philippot)
  • La valise, récit, 1986. Prix du témoignage RTBF Hainaut.
  • L’année de l’arbre., Bruxelles , Paul Legrain, 1988. (Prix Baron de Thysebaert de Littérature Régionale).
  • Notes pour servir à l’histoire de l’Athénée Royal d’Anvaing, 1990.
  • Légendes et contes du pays d’Ath et des Collines. Bruxelles, Paul Legrain, 1990.
  • Ath et le pays des collines : Mémoire de Wallonie. En collaboration avec Jean-Pierre Ducastelle. Bruxelles, Paul Legrain, 1991.
  • Soeur Anne in Ma plus belle histoire, Ath, recueil collectif de nouvelles, concours Belgique Loisirs, 1992.
  • Je meurs si je mens, nouvelles, Tournai, Unimuse, 1992. Prix Georges Garnir 1993.
  • Enfantillages, poèmes pour enfants, chez l’ auteur avec Serdu, 1993.
  • La naïade, Les cahiers du Groupe Dernières nouvelles, 1994.
  • Poésie 1938-1998. Edition de l’Acanthe, 2002.

Participation à des anthologies pour enfants

  • Les jeunes années, Alliance française de Belgique, 1973.
  • L’ enfance lucide, Ed. Unimuse, 1989.
  • Plein la musette, Maison de la Poésie du Nord / Pas – de – Calais, 1992.

Textes

A QUI PARLER

Tu es le seul à qui tu peux dire, sans te gêner,
tout ce qui te passe par la tête.

Ta tête, tout à tour,
plaine battue par le vent, avec des blés qui ondulent
ou désert brûlé par le simoun,

Tour à tour,
rivière pensive sous les arbres,
ruisseau de montagne,
ou cloaque.

Car il t’en passe des choses, par la tête!
Mais parle sans peur:
tu es as déjà entendu d’autres,
tu ne t’étonneras de rien.
Tu en sais déjà tellement
sur les autres et sur toi.

N’essaie pas de tricher:
tu es trop malin pour te laisser prendre,
et tu en sais trop, de toute façon.

Mais n’étouffe pas au fond de toi
cette petite voix
un peu craintive
un peu incertaine,
qui te parle de soleil et de fleurs,
de la fraîcheur des eaux vives,
de la pureté de certains regards,
et qui te rappelle
le grand vent salubre qui te traverse
quand tu marches à sabots
à travers les champs.

Commentaires

L’ enfant se chantait en lui-même le chant de ses enchantements… une musique que son coeur sécrétait, mais qui restait inaudible aux autres, car il n’ était pas né pour être chanteur ou musicien.
Vint le temps où l’école le libéra par l’ écriture. Il osa… En cachette, il se mit à utiliser les derniers feuillets du cahier prestigieux que chaque écolier réservait aux grandes occasions. C’ est là qu’ il écrivait, pour son plaisir personnel et secret, sa version de la vie de Jeanne d’ Arc, de l’ histoire des six cents Franchimontois et autres héros dont ses lectures ou les récits du maître lui révélaient l’ existence… Celui-ci s’en aperçu en feuilletant par hazard le beaucahier.
Conscient du sacrilège, l’ enfant courba l’ échine dans l’ attente de la semonce. L’ instituteur posa silencieusement le cahier ouvert à la page autorisée. ” Continuez, les enfants “, se borna-t-il à dire en se retirant au fond de la classe. Inquiet, l’ enfant risqua un rapide regard derrière lui : le Maître, debout, les ras croisés sur la poitrine, l’ observait sans sévérité. Peut-être même avec bienveillance. Dès ce jour, il sut qu’il était fait pour écrire d’ autres histoires, mais aussi pour mettre en paroles d’ autres chansons qui, de saison en saison,allaient sourdre en lui-même…

Quatrième de couverture pour Poésie 1938-1998.