Textes
LE PAYS NATAL
Dans nos Ardennes, dans les régions écartées telles que la botte du Hainaut, il existe de tout petits villages de cent ou deux cents âmes. Les maisons de pierres grises s'éparpillent au bord des chemins, des sentiers, le long d'une toute petite rivière, souvent très sineuse. Devant les demeures des cultivateurs, on peut voir encore, bien carré dans sa fosse, le fumier et, à côté, la mare au purin.
Dans chaque maison, le fruitier répand la saine odeur des pommes: des lucarnes percées dans la façade postérieure, on voit, tout près, les vaches au pré et, au loin, la lisière du bois.
Là aussi vivent des vieillards qui, pour rien au monde, ne voudraient quitter le pays natal; des vieillards qui ont connu l'époque où, l'hiver par les temps de grandes neiges, on eût pu se croire en Silésie. Seul, le facteur des Postes, en leur apportant le journal, reliait ces isolés au monde extérieur. Pas d'auto, pas de radio, pas de téléphone. Pas d'autre divertissement, si l'on ose dire!, que la messse dominicale.