BAPTISTA Michèle

Œuvres disponibles

Bibliographie

Brasse-vent. Préface de Tom Kulche ; Illustrations de Robert Thonus. Nivelles : Chez l'auteur, 1988.

Textes

L’ORAGE

Un silence lourd, menaçant
Pèse sur la campagne
L’air est tiède,
Un noir d’encre
Tache le clair azur
Pas un bruit
Pas un chant d’oiseau
Ne trouble cette torpeur
Les arbres se taisent figés
Nul souffle n’agite leur ramure
La terre inquiète s’apprête au combat
Mais soudain …
Comme montant des Hadès
Il est là !
Grondant, crachant sa haine
Foudroyant d’un glaive meurtrier
La nature tout en peine
Dieu du ciel
Sur terre, tu aimes à guerroyer
En fouillant les entrailles
Des vassaux massacrés
Mais enfin !
La lumière luit comme une victoire
Débarrassant le ciel
De ces noirs oripeaux
Chassant le prince errant
Au fond de son abîme
Au bruissement des arbres
Et aux chants des oiseaux.

Extrait de Brasse-vent.

Commentaires

Dans la poésie de Michèle Baptista, ce qui frappe c’est la permanence de la lumière régnant sur la terre et le ciel d’un monde peuplé d’objets images : « des moulins qui ont renoncé à tourner, des épaves abandonnées, des gibets porteurs d’espoirs, des arbres aux appels squelettiques. » Le visuel se pose à la manière d’une lanterne sur les êtres aimés, d’une rétine sur les objets : «les yeux glauques des volets».
Un vers dont la musicalité a des affinités discrètes avec Marceline Desbordes Valmore nappe de sensualité la présence des êtres et des objets.
Souvent le thème est affirmé : il s’agit d’une invitation à la tendresse, à la nostalgie car tout peut se partager même l’amertume.
C’est alors la confrontation abrupte à un monde réel, menaçant : «au souffle des orgues du cataclysme».
Plus de pudeur que de suggestion, moins de surprises que de reproches et d’érotisme sous-jacents sont exprimés par un recours constant à un sens incontestable de la chute. Un charme enfin auquel l’on ne peut rester insensible.

Tom Kulch, préface de Brasse-vent.