ADRAHANE Athane

Portrait de ADRAHANE Athane

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Biographie

Athane Adrahane, née en Belgique, est philosophe de formation. Auteure d’un essai, La conscience magique, elle est également photographe et chanteuse au sein du groupe Artères. Elle mène actuellement une thèse de doctorat en philosophie qui met en récits la diversité des sensibilités écologiques. Trémor est son premier recueil de poésie. Pour suivre son actualité: www.athaneadrahane.be et www.anomaltribu.com.

Bibliographie

  • Trémor. Chloé des Lys, 2016.

Les trémors sont des secousses, des vibrations, des frissons. Nous sommes parcourus par une infinité de vibrations. À ces différents tremblements de corps, j’ai voulu laisser libres mots et remonter aux profonds foyers qui font parler, chanter, danser. Se découvrir alors volcan, rivière, femme en colère, petit enfant solitaire en rêve d’une meute solidaire… La parole poétique se fait ici sismographe, viable libération des puissances dormantes.

Textes

 

Par don

 

Me tenir devant toi,

sans nulle autre grime que ma nudité,

sans nul autre crime que mon humilité,

sans nulle autre rime que celle qui instille

vigueur et grande santé.

 

N’être pour toi que par don.

Naître pour toi que par son.

Sourire se vocalisant

en mille et un mercis.

 

*

Feu d’authenticité

 

La nuit sera bouquet d’étoiles,

feu d’authenticité,

ses envoyés de braise migreront dans les ombres,

et aucune main gantée de nuit

ne coupera les gorges

de ces enfances insouciantes

qui chanteraient dans l’azur assoupi

la mélopée des insoumis.

Car, il y aura ces chants d’ailes

qui frottées les unes contre les autres

éclaireront toutes les fermetures

d’espoirs, 

les virées dans le noir.

 

*

Entrée en matière

I

J’ai porté mes mots chez la guérisseuse,

à cause de cette grève du dire,

ce dégoût du bagout.

Aucune de mes entorses langagières,

aucun de mes désaxages du Saint-Axe

ne les avaient conduits à de tels états de contusion.

En danseurs, mes mots étaient forgés aux chocs des corps.

Ils vivaient depuis longtemps avec les blessures de l’âme.

Mais ici, les maux dont mes mots souffraient étaient autres.

Ils étaient comme évidés de leur danse.

Ils n’étaient plus qu’évidence.

Pris dans des commentaires de commentaires.

Ils avaient désappris le mystère.

Ils ne savaient plus comment taire

les blabla ordinaires.

 

Ils étaient prisonniers d’une image,

paralysés par la fixité de l’expliqué.

 

Dire ce que je pense ?

Penser ce que  je dis ?

 

Mais qui est « je » ?

Comment dire

le senti du vol des papillons,

le volcan, ses tensions,

la ville et ce sourire qui l’illumine ?

Ne faudrait-il pas juste gronder ?

Butiner sans le sens sédentariser ?

Aimer sans s’expliquer ?

 

Mais comment leur communiquer

que le « je » ne s’atteint pas dans un dire

qui se pose par les conventions

de la conversation.

Que ce « je » est une illusion,

toujours déjà passé,

toujours déjà futur,

en éternelle reconfiguration

de ses émotions,

de sa raison,

de ses relations.

 

Comment relater

la joie de l’enfance du langage

où tout est vagabondage

abondance des sens,

ignorance des licences,

je veux dire

des sens qui lient ceci à cela

par autorité des sciences ?

Extraits de Trémor

 

 

 

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