Christian Hubin est né à Marchin (Huy, Belgique) le 18 septembre 1941. Il est licencié en Philosophie et Lettres de l'Université de Liège.
Extraits de Ce qui est
Quelque chose, plus tard, dans l’embrassure. Un plateau où on résonne, imprégné ; un socle par résorption. Comme semblable, sans connaître et su. Un choc troué d’ascendance. Par millimètres, sans savoir. Ovale dans du verre, les cimes à saturation. Par un son, une seule fois, quand on regarde. Vissant dans toute la colonne, dans l’urètre. La trajectoire. La bulle dans l’éclat de verre. Crêtes où du fer se pose pour guérir. Le sol par endroits tombé d’au-delà du temps. Où les membres, puis toute la pièce traversée, le bruit du chlorure dans le temps. Ecoutant s’approcher les cils des morts, précédant les pierres, les ruisseaux, neigeant dans des grottes sans entendre. Etant le fil sans contenu Dans la mousse, dans la division de l’être. Comme la rainure du plastique. Le seul bruit où rien n’entende.
Christian Hubin : le lieu et la formule.
Christian Hubin fait partie d’une génération de poètes qui conduisent peu à peu l’écriture à une nouvelle maturité : revisitant les enjeux de notre modernité, il dépoussière incontestablement notre perception du poème et de la langue. Il faut souligner toute l’importance d’une démarche que je place personnellement à l’extrême pointe magnétique de la poésie française d’aujourd’hui et qui échappe à l’idée conventionnelle que d’aucuns se font du phénomène poétique : par sa forme surprenante, son dépouillement, son refus du lyrisme, du Moi, de l’effusion romantique, ainsi que par ses constants courts-circuits de langue, son écriture polyphonique est faite de résonances et d’infrasons. Par ce remarquable travail sur la langue, où s’accordent la sensibilité et les réalités contemporaines, son œuvre dénote d’un dynamisme certain de la poésie française qu’il illustre : « L’art est l’abréviation suprême. L’ellipse absolue », dit-il[1]. Il participe sans conteste d’un mouvement d’approche de « la pure présence aux choses » comme Yves Bonnefoy, Pierre Chappuis, Jacques Ancet, Philippe Jaccottet ou Roger Munier. Mais aussi d’un mouvement plus général de la création moderne : « Nous travaillons sur de l’erratique, sur de l’extrême ténu — buée volatilisée, haleine de disparition. Nuages de Debussy, Ionisations de Varèse, pétillements de nappes électroniques (Jean-Claude Eloy), spatialisations sonores (Gérard Grisey), distorsions spectrales (Tristan Murail), flux paniques, (…) tournantes-migrations (Michaël Lévinas). Rayures, stridences, mots »[2]
. Sans participer à des cénacles réducteurs, en tenant une position profondément solitaire, irréductible, ainsi que le réclame toute écriture véritable, il s’inscrit pourtant dans un vaste mouvement qui transcende les frontières et se reconnaît par l’amour qu’il porte à la langue ainsi que par l’originalité comme la profondeur de l’engagement poétique marqué par une intransigeance dans la conscience d’y jouer là tout ce qui vaut d’une existence .
Eric BROGNIET
[1] Christian HUBIN, Parlant seul, Paris : Corti, 1993, p. 57. [2] Ibidem, pp. 56-57.
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