MASSAUT Dominique
Biographie
Né à Liège (Belgique), le 20 septembre 1959.
Depuis 1984, D. Massaut est acteur assidu au sein des milieux associatifs culturels liégeois (théâtre-action, coordination de projets, spectacles).
Animait, avec Jacques Izoard (au centre culturel L’Aquilone à Liège), des rencontres littéraires – Les dimanches impairs de la poésie – ainsi qu’un club de cabarets littéraires dont l’objectif était de rendre la poésie festive, critique, accessible à tous. Parcourt en outre les scènes Slam de Paris, Bordeaux…
Anime actuellement des ateliers (écriture, scène slam) et coordonne le vaste projet Slam du Centre de jeunes La Zone (Liège).
Depuis 1991, créateur de nombreux spectacles de poésie et acteur au sein de ces spectacles.
Ex-membre de l’ex Big Band de Littératures féroces, avec Laurence Vielle, Vincent Tholomé, Frédéric Saenen, Christian Duray, Daniel Hélin et Mathieu Ha (2001-2002).
Source : MaelstrÖm
Prix :
En 1994, Premier prix auteurs du concours Un auteur, une voix, RTBF, émission Façons d'écrire, façons de parler (Belgique).
En 2004, Prix de la Ville de Liège au Concours Pyramides, Liège (Belgique).
Bibliographie
Publications en revues
Chez Carte blanche, Les Elytres du hanneton, Parterre verbal, Ouste, L'Arbre à paroles (D’un autre Finistère… n°108), Dixformes-Informes, Les amis de l’Ardenne, Bleu d’encre, Le Fram (n° 12, Extraits du manuscrit « Lymphéas »)...
Divers articles dans Alternative Libertaire et bulletins d’associations.
Livres/Plaquettes
- L’œil du silence, L’arbre à paroles, 2000.
- Le vieux sage, Les Editions de l’Heure, 2002.
- Nourrir le rond, L’arbre à paroles, 2004.
- De la « Cucaracha » qui voulait se faire aussi haute que l’Albatros et de ce qu’il advint – ou n’advint pas – de son mâle ruminant (poème hominien en « tu »), Editions Tétras Lyre, 2005.
- Evasion d'un aï, L'Arbre à paroles, 2008.
- Poèmes anxiolytiques, MaelstrÖm, 2007.
- Je suis bête, Boumboumtralala, 2010.
- Lymphéas, Le Coudrier, 2011.
- Monsieur Tapecte, MaelstrÖm, 2011. (RéÉvolution).
- Je m’en irai bientôt, Éditions Rafael de Surtis, 2013.
Multimédia
- Monosyllabines, CD, 2014.
Textes
Le café le plus tiédasse qu’il soit possible d’obtenir sur une table d’écriture exige d’avaler au préalable de larges bolées de prostration devant le rien le plus palpable. Le temps s’écoule alors sublimement, arasant toute émotion, tout souffle, jusqu’à sa propre respiration. Toute musique est proscrite, sauf, si l’on est incapable de se créer des silences internes, un éventuel tic tac à résonance nocturne ou le ronron d’un moteur de frigo. Il faut que tout conduise à l’immobilité légère et longuement suspendue du corps tout entier. Lorsque l’on y parvient, l’instant où l’on se saisit de la tasse vient seul, sans la moindre décision. Alors il y a, au plus tendre du palais, l’amertume aiguë que développe un café aux premiers pas de son vieillissement et, par-dessus, une température à ce point tiède, à ce point proche de celle d’un corps mou légèrement fiévreux, qu’elle en devient inexistante. Cette croisée de contraires, progressivement, instillera dans les veines un sommet de fadeur exquise. C’est l’épanouissement de celle-ci, qui m’autorise l’écriture quand le temps exige de rendre compte des affaires humaines, surtout lorsque celles-ci se clament importantes…
Le froid grince aux portes des corps. La tendance est à la crispation. La crise s’annonce, déprime, à petit pas glacés, le combat des globules. Les marchés relancent, en un sursaut gonflé, de chien blessé, l’une ou l’autre soif, l’une ou l’autre fièvre de lumière ou de papier. Des flots d’agitation, des pluies de biens enrubannés, des crues de slogans, d’enthousiasme, tourciveux, nous mangent les bourses. L’ours blanc des enseignes nous enseigne, nous enseigne… des devoirs de famille, de feux ouverts, d’intimités chantées. Les légèretés de nos givres, de nos frissons, prennent tôt ou tard le poids de nos paletots. Ce sont des sourires tricotés main qui les rhabillent. Nous décrispons les façades. Bientôt le nu. Bientôt Jésus. Bientôt ripaille, carnivore.
Dehors, lampions éteints, villages de noël aux fenêtres closes. Dans la nuit, pas même un chat. Dans mes yeux, cet étrange cliché, que je ne dégomme pas : un inconnu, sans domicile (fixe ou non), aux bougonnements sourds et slaves, déniche un vin chaud dans un gobelet de plastique blanc, oublié là par une fille qui dort, maintenant, sous une couette épaisse, sur une peau connue. Et ce fut tout à coup, loin de tout rêve, comme un peu de fumée rouge dans le trou d’une nuit blanche…